Durant cette émission, j’effeuille les subtilités de la couleur bleue, l’histoire de cette couleur céleste ainsi que sa symbolique. J’évoque également l’évolution des goûts et des sensibilités, tout en interrogeant la qualité des pigments. Je glisse parfois aussi des souvenirs et rêves de lumières bleues, de tableaux, de vagues et de mélodies. Pour l’émission du 4 mars, j’ai choisi de présenter un extrait d’une nouvelle de Rick Bass, L’Ermite (2002), dans laquelle il décrit des espace glacés du Grand Nord : la couleur bleue y prend toute sa place.
« Une tempête de pluie verglaçante, qui suit sept jours de neige ; les congères et les immenses étendues blanches se durcissent peu à peu en nappes de glace étincelante, qui brillent d’une lueur bleue sous le clair de lune, comme si cette couleur n’était créée ni par une déviation ni par une absorption de la lumière, mais par une sorte de réaction chimique se produisant sous la surface glacée ; comme si la source de tout bleu se trouvait quelque part dans le nord ; comme si l’essence en était concentrée sous l’un de ces champs gelés ; comme si le bleu était en fait quelques chose qui jaillit, dans certaines parties du monde, du sol lui-même, une fois que le soleil s’est couché.
(…) Du bleu comme un effluve piégé dans la glace, qui attend une libération en douceur, une sorte de redoux, pour pouvoir d’étendre. »
Rick Bass, écrivain et écologiste américain, né en 1958, s’installe vers l’âge de 30 ans à l’extrême nord-ouest du Montana, pour l’amour de la solitude et de l’écriture.
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Article du 4 mars 2013