Le lundi 4 novembre 2013, nous avons commencé un cycle en quatre épisodes sur Marc Chagall (1887 à 1985).

Autoportrait au chevalet
Marc Chagall vécut presque centenaire, de 1887 à 1985. Dans son œuvre, une couleur rayonne, c’est peu dire, et c’est le bleu, que ce soit dans ses peintures, dans le choix des tesselles de ses mosaïques ou encore davantage dans ses vitraux.
Non seulement le bleu domine largement, mais le titre des tableaux souligne encore cette omniprésence : Les Amants bleus, Le Violoniste bleu, Le Cirque bleu, Paysage bleu, Le Visage bleu…
Il faudrait étudier presque toutes ses œuvres pour comprendre l’entêtement de Chagall pour le bleu et l’attirance pour le ciel et ses promesses. Restons un peu dans cet univers onirique et rayonnant. C’est bien Chagall et le bleu, pour nous réchauffer et nous faire oublier la saison de l’avancée des nuits !
L’artiste lui-même semble se voir en bleu et se serait écrié :
« Pourquoi bleu ? Mais je suis bleu, comme Rembrandt était brun. »
Ses autoportraits confirment cette sensation. L’un d’entre eux, l’Autoportrait au chevalet datant de 1914, est offert par Chagall à son ami Ilya Ehrenbourg. L’artiste y est représenté tenant une palette, face à une toile à la texture très visible et au léger ramage bleu évoquant le ciel. Il paraît tourner la tête avec un visage vague et interrogateur à l’étrange regard bleu ; il est vêtu d’une chemise insolite ornée d’extravagants galons semblant se refléter sur la toile, du même bleu changeant. Où est le réel ? Lequel reflète l’autre ? Cette main qui trace les formes bleues ? Ce regard qui part ailleurs, très loin, personne ne sait vers quel voyage, vers quelles pensées ? Ce jeu de miroir ? Ces nuages aux tonalités bleues qui, à leur tour, reflètent le ciel ?
Alexandre Kamenski, critique d’art spécialisé dans l’œuvre de Chagall, écrit à propos de ce tableau : « La magie de la couleur donne son unité à cet apparent paradoxe. Je me souviens de la première impression que me fit cet autoportrait, qui demeura longtemps posé sur un chevalet au milieu du vaste salon de l’appartement moscovite d’Ilya Ehrenbourg. C’était comme un nuage, une brume bleue flottant au-dessus du tableau. L’espace environnant se colorait de cette lumière irréelle. »
Cet article est tiré d’une émission diffusée le 4 novembre 2013 sur RCF Isère dans le cadre de la série « Tout en nuances » qui a duré pendant six années. Elle est présentée ici. L’article a été mis à jour le 7 novembre 2020 et figure dans le livre Bleu, intensément, chapitre 89.
Sur Chagall, on peut lire aussi Les Amants bleus, La Maison bleue et Le Visage bleu
Article du 4 novembre 2013
novembre 4, 2013 à 8:47
Il me semble que tous les bleus que j’aime sont dans ce tableau. Si je pouvais mes icônes seraient tooutes bleues !!
Merci de nous faire découvrir ce qu’on regarde si vite!!
Annie
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