Jeudi 22 juin, nous sommes allés au musée de Grenoble avec une partie de notre Atelier d’icônes, afin de contempler le tableau de El Greco, prêté par le musée du Prado de Madrid, jusqu’à la fin du mois de juillet. Nous avons continué la journée en nous penchant sur l’icône de la Pentecôte, pour analyser ensemble ressemblances et différences. Nous avons aussi comparé les représentations de l’Esprit Saint dans les icônes et dans la peinture.
Nous avons beaucoup aimé le tableau de El Greco, à la frange entre les deux types de représentations : on sent chez l’artiste la formation de peintre d’icônes, même s’il traite le sujet dans une grande liberté (trois femmes sont présentes, certains personnages sont de dos, le cosmos est absent…). Nous avons aimé le dynamisme et l’expressivité des gestes des personnages.

Ce personnage qui nous regarde serait un autoportrait du peintre
Commençons par la représentation traditionnelle de l’icône de la Pentecôte : elle appartient au registre des grandes fêtes et prend place dans les iconostases des églises orthodoxes. Les apôtres sont assis en arc de cercle : six d’un côté, six de l’autre On reconnaît tout en haut Pierre, qui fait face à Paul (celui-ci « remplaçant » le plus souvent Judas). Chacun porte sa tenue et coiffure type, qui permet de le « reconnaître » et une langue de feu volette au-dessus de leur tête. Entre eux deux, un espace reste libre, symbolisant l’attente du retour du Christ.
En bas de l’icône, semblant « jaillir des ténèbres », se tient un personnage qui représente le Cosmos. Il tient un linge en forme de barque sur lequel sont posés douze rouleaux, correspondant aux douze tribus d’Israël. Remarquons que les apôtres portent chacun le même rouleau, parfois remplacé par un livre pour les évangélistes.
L’icône est inondée de lumière, un rayonnement, une incandescente le plus souvent traitée à l’assiste. En haut de l’icône, une mandorle, la présence divine, irradie de haut en bas.
Les bâtiments, à l’arrière de l’icône, indiquent que la scène se déroule à l’intérieur, et le voile rouge très souvent présent, tendu entre les deux bâtiment, signifie l’accomplissement des Écritures.
Parfois, Marie est présente dans l’icône entre Pierre et Paul. C’est un sujet de controverse que nous ne traiterons pas ici. Bien sûr, la présence de Marie peut avoir une signification riche (communément admise dans l’Église catholique), mais le trône vide (« Hétimasie ») de l’attente, la place laissée libre (thème proche de celui de la « vacuité », le vide qui peut laisser la place au véritable « plein ») est plus proche de la signification première de l’icône.

L’Esprit tel que El Greco le représente dans son tableau
Nous avons ensuite continué notre promenade dans le musée de Grenoble pour voir comment l’Esprit Saint est représenté dans la peinture. Nous avons retenu cinq tableaux : La descente du Saint Esprit sur les apôtres (école italienne du XVIe siècle), Saint Grégoire (Rubens), Louis XIV au lendemain de son sacre (Philippe de Champaigne), L’Annonciation (Zurbaran) et La Trinité (Theodoor Von Thulden). Nous avons insisté sur la formule patristique « l’Esprit n’est pas un volatile », mais l’Esprit est descendu, lors du baptême, « sous forme de colombe ». C’est pourquoi, dans les icônes, la colombe est seulement présente lors du baptême du Christ (et parfois pour l’Annonciation).
Pour aller plus loin :
– Décalage horaire (plusieurs des tableaux cités ci-dessus y sont décrits) voir ici la présentation.
– un intéressant article de l’Institut Périchorèse ici.

Une partie de notre groupe
Article du 27 juin 2016