
Icône sur tilleul, 30 x 40 cm
Cette année, j’ai voulu rythmer la « cinquième saison » (1) en reprenant le dessin d’une Nativité travaillée il y a plus de quinze ans. Depuis, bien des choses se sont passées, des naissances et des morts, blanc sur noir, noir sur blanc, lumières et ténèbres…
Les coups de pinceaux ont été mon Avent.
L’icône m’accompagne toujours, autant par son sens spirituel que dans les clés qu’elle donne, en douceur et en beauté : une touche de couleur se dépose, puis une autre, et quelque chose s’éclaircit imperceptiblement sur la planche en même temps que dans le cœur. C’est lent, coloré et réconfortant.
Mon voyage a commencé par le petit visage de l’Enfant au milieu de la scène, la lumière qui luit dans les ténèbres, étincelle de vie, blanc sur noir, noir et blanc, lumineux et tellement fragile, précieux, à préserver, un souffle.
« Petite vie fragile et douce
Dans la pénombre d’un berceau
Les draps de sable que le vent repousse
Découvre la blancheur de ta peau
(…)
Un peu de sel sur tes yeux clos
Pour te garder en voyage
(…)
Les femmes rêvent et soupirent
Elle te prendront dans leurs bras
Les chansons des vieilles nourrices
Peut-être tu les apprendras » (2)
J’ai aimé les anges qui applaudissent, les bergers et des mages qui s’émerveillent, toujours en marche, et donnent envie de les suivre à la recherche de l’étoile. Envie de remercier les compagnons de route qui me donnent l’étincelle pour toujours repartir et m’enthousiasmer.
J’ai aimé encore et encore ce regard de Marie sur Joseph et sur nous. Et ce Joseph qui ne dit rien, mais qui est là, comme « les gens qui doutent, les gens qui trop écoutent leur cœur se balancer »(3).
Le doute, le silence et la joie, l’ombre et la lumière, finalement, cette icône dit tout, et après la cinquième saison, tout redevient possible.
(1) La cinquième saison est le temps intermédiaire qui n’est plus celui de la flamboyance de l’automne, et pas encore celui de la blancheur de la neige, de la lumière qui revient. Ce n’est pas tout à fait la « petite mort », mais le « juste avant », le « dernier reflet d’une caresse » comme l’écrit René-Guy Cadou. Ces jours-là sont gris-foncés, et la lumière ne parvient plus à dépasser les montagnes et à entrer dans la maison.
(2) Jacque Barthès, Chanson des bons présages
(3) Anne Sylvestre, Les gens qui doutent
Article du 24 décembre 2017
Autre article sur l’icône de la Nativité ici