
Une des fresques (la Nativité) de l’église de la Résurrection à Grenoble par Galina Makhroff
Galina Klimoff naît en 1922, au cours de l’exode, en Bulgarie sur les bords de la mer Noire, d’un père cosaque et d’une mère ukrainienne.
Son père, comme de nombreux réfugiés russes de l’époque, obtient un contrat de travail dans une usine de béton armé et la famille s’installe à Grenoble en 1929.
Très sensible à l’art depuis son plus jeune âge, Galina se dirige tout naturellement vers l’école des Beaux-arts de Grenoble. Elle commence à travailler très tôt dans divers domaines artistiques : retoucheuse dans un studio de photographie, elle dirige également un atelier d’écharpes de soie peintes à la main. Elle collabore avec le peintre Paul Klein à la réalisation d’un livre, La Chanson de Roland. Elle est également étalagiste aux « Dames de France », rue Lafayette.
En 1949, elle s’installe à Paris et, pendant dix ans, devient décoratrice étalagiste dans de prestigieux magasins de mode. À la même époque, elle découvre l’iconographie à Paris auprès de Leonid Ouspensky, iconographe de renom, qui, toute sa vie, enseigne l’art de l’icône à des élèves du monde entier.
Après son mariage avec Cyrille Makhroff, elle accompagne son mari dans de nombreux voyages, notamment en Tunisie où elle découvre avec passion, l’aquarelle (portraits et paysages). Dès cette époque, elle expose dans les pays et les villes où elle séjourne : Tunis, Athènes, Grenoble, Paris, Moscou, Bucarest… Plus tard, entre la Tunisie et la Russie, elle découvrira aussi la gravure sur bois et l’eau forte.

La Vierge du Signe, peinte par Galina Makhroff dans le chœur de l’église de la Résurrection à Grenoble
À Grenoble, où elle se retrouve entre 1970 et 1974, Galina peint des fresques sur les murs de la petite église de son enfance, avenue de Vizille, dans le style byzantin. Pour les réaliser, Galina utilise la technique a fresco (1). Elle commence par réaliser un dessin qu’elle décalque ensuite puis l’applique, au moyen de trous d’épingles, sur une surface mouillée faite d’un mortier de sable et de chaux. Ensuite, les couleurs (pigments naturels) sont appliquées sur la surface humide, pour pénétrer au cœur de la matière. Elle réalise chaque scène (une par jour) en moins de cinq heures. Ce travail exige rapidité, adresse et précision. Seize scènes de la vie du Christ et de la Vierge sont ainsi peintes sur les murs latéraux de la nef ; derrière l’autel se tient la Vierge du Signe (2).
En outre, Galina a publié en russe des livres de souvenirs et en a illustré quelques autres. Elle décède à l’âge de 82 ans. Son œuvre est reconnue dans les milieux artistiques puisqu’on les trouve dans des galeries et des musées prestigieux, à Tunis, Saint Petersbourg (Musée de l’Ermitage…) ou Moscou (galerie Tretiakov…).
(1) La peinture a fresco (sur enduit humide) s’oppose à la technique a secco sur enduit sec, qui permet de travailler plus lentement et plus en détail mais moins solide à long terme.
(2) Voir l’explication du modèle ici
Article du 10 décembre 2019