Elisabeth Lamour

Peintre d'icônes

La couleur jaune, symbolique et pigments

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La couleur jaune est probablement une des couleurs les plus paradoxales (une connotation positive et un pendant négatif), mais le jaune a la particularité de ne pas pouvoir se foncer (voir les si pertinentes réflexions de Kandinsky à propos du jaune) : une pointe de noir dans du jaune… et l’ombre éteint la lumière ; le jaune se transforme…

Dans cet article, nous évoquons la couleur jaune dans sa dimension positive de lumière et de soleil, des ors et de l’éclat, de la chaleur aussi. Il en est bien besoin aujourd’hui où la neige tombe en ce début du mois d’avril.

Dans la majorité des cultures, le jaune est lié à l’abondance et évoque le renouveau comme la couleur des blés au moment de la moisson, la beauté de fleurs qui semblent autant d’explosions de lumière au printemps. Et que dire du mimosa ? (Lire l’article consacré à Pierre Bonnard et qui évoque son mimosa).

Le dictionnaire des symboles (1) commence ainsi son article sur le jaune : « Intense, violent, aigu jusqu’à la stridence, ou bien ample et aveuglant comme une coulée de métal en fusion, le jaune est la plus chaude, la plus expansive, la plus ardente des couleurs, difficile à éteindre, et qui déborde toujours des cadres où l’on voudrait l’enserrer. »

Pour l’iconographe, le jaune peut être utilisé à la place de l’or : il symbolise de la même façon la lumière pure, la lumière incrée et l’éternité. Ainsi, il devient sur terre un des attributs des princes et des rois, qui proclament ainsi l’origine divine de leur pouvoir (pensons au « Roi soleil »). Dans le même esprit, le jaune était en Chine la couleur de l’empereur qui prétend occuper le centre de l‘univers, tout comme le soleil !

Malgré la gloire de la couleur jaune, nous disposons d’assez peu de nuances dans nos palettes d’iconographes.

Ocres jaunes

Dans le domaine des pigments naturels, on trouve une grande variété d’ocres jaune qui comptent parmi les premières couleurs utilisées en peinture en association avec le charbon de bois. Il est probable que cette pratique remonte au néolithique. Une des plus anciennes peintures rupestres sur la terre d’Arnhel, en Australie, aurait été réalisée avec de l’ocre jaune lié à du suc d’orchidée sauvage, du jaune d’oeuf, de la cire ou des résines.

Certains jaunes étaient très prisés au Moyen Âge : l’orpiment (ou jaune de Perse) ou le réalgar, mais tous deux sont des sulfures d’arsenic très toxiques et ne figurent plus (heureusement !) dans nos palettes. Du XIVe au XVIIIe siècle, le jaune de plomb fut à l’honneur, remplacé aujourd’hui par le jaune de Naples ou giallorino (fabriqué dès le 2e millénaire avant J.-C.). On peut trouver encore des jaunes de plomb et d’étain mais tous ces produits sont toxiques et polluants et leur vente parfois réservée à l’usage professionnel.

Les autres pigments jaunes bien connus sont surtout des couleurs végétales (safran, curcuma… ) mieux adaptées à la teinture qu’à l’iconographie ainsi que le mythique jaune indien.

cadmiums

Finalement, à l’exception des ocres et des terres, on trouve peu de pigments naturels jaunes pour ensoleiller nos étagères ! Le catalogue Kremer propose dix fois moins de pigments jaunes que de pigments bleus : il nous reste quelques couleurs de synthèse et la très grande variété des jaune de cadmiums, à l’éclat garanti mais à la toxicité avérée ! 

D’autres articles sont en préparation, pour approfondir le sens de la couleur jaune dans diverses cultures et en aborder la face sombre.

Tous les mots surlignés correspondent à des liens, le plus souvent avec des articles sur le même site, qui permettent de compléter le propos.

(1) CHEVALIER et GHEERBRANT, Dictionnaire des symboles, Bouquins, 1969

Article du 1er avril 2022

Auteur : elisabethlamour

peintre d'icônes

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