Ces dernier temps, j’ai reçu de nombreux messages d’amis qui savent que je me suis particulièrement intéressée aux pigments bleus : un nouveau pigment bleu a récemment vu le jour, ce qui n’était pas arrivé depuis plus d’un siècle. Il s’agit d’un bleu très vif qu’on pourrait situer entre le bleu outremer et le bleu de cobalt. Il porte actuellement un nom peu poétique : le YInMn Blue, ce qui est simplement l’abréviation de ses principaux composants chimiques : yttrium (une terre très coûteuse), indium et manganèse. Après avoir subi les contrôles nécessaires, ce pigment est commercialisé depuis peu par exemple chez un de mes fournisseurs préférés : Kremer. Mais il est produit actuellement en petite quantité (en raison de la rareté des composants si j’ai bien compris), et son prix reste très élevé, environ 4 000 €/kg
La première découverte remonte à 2009 et, comme c’est arrivé si souvent dans l’histoire des couleurs (voir l’article sur le bleu de Prusse), elle est accidentelle, fruit d’un « splendide hasard » : Andrew Smith, étudiant de l’Oregon, travaillait au sein d’une équipe dirigée par Mas Subramanian. Il tentait de créer un matériau électronique à haut rendement en chauffant l’oxyde de manganèse à 1 200° lorsqu’il a remarqué qu’un composé bleu d’une étonnante tonalité avait émergé dans le four, assez proche par sa luminosité du fameux « bleu Klein ».
Les qualités de ce bleu ne résident pas seulement dans sa merveilleuse tonalité : il est aussi très stable à la lumière comme à la température et ne semble ni toxique pour l’humain, ni dangereux pour l’environnement (bien que nécessitant des matériaux rares, ce qui n’est quand même pas anodin !). Il semble que l’équipe à l’origine de ce pigment continue les recherches pour obtenir d’autres couleurs selon le même genre de procédé. Par ailleurs, le YInMn reflète particulièrement bien les rayons infrarouges, et pourrait dès lors être utilisé de manière autant pragmatique qu’esthétique pour protéger des bâtiments de la chaleur.
Il semble bien adapté à la peinture à la tempera et j’espère l’essayer bientôt ou avoir quelques retours de la part de ceux qui le feront.
C’est un peu consternant quand on voit la beauté, la brillance et la profondeur de cette couleur, de n’avoir pas trouvé mieux pour le nommer que quelques initiales abréviatives que je n’arrive même pas à prononcer ! La firme Crayola l’a utilisé pour un nouveau crayon de couleur baptisé, suite à un concours, «bluetiful». C’est déjà mieux ! J’espère qu’on lui trouvera un plus joli nom à l’avenir, pourquoi pas celui d’un peintre qui excellera avec cette couleur (on connaît le vert Veronèse, le bleu Klein, le brun Van Dick…).