
Nous sommes les héritiers d’une longue histoire. Que notre art soit qualifié d’art sacré ou d’art profane, qu’il soit d’orient ou d’occident, nous avons tant à recevoir, des techniques, des oeuvres et des attitudes des artistes du passé. S’inscrire dans cette filiation est une façon de prolonger l’œuvre de nos prédécesseurs en prenant joyeusement le relais qu’ils nous tendent, en saisissant le pinceau pour créer à notre tour. C’est comme si nous donnions vie éternelle à leurs recherches, leur enthousiasme, leur méditation, leurs joies, leurs émotions, leurs prières, leurs doutes parfois, pour inscrire notre art dans le profond respect de ce qui nous construit. Ainsi, chacun constitue, humblement et lumineusement, un des maillons de la « chaîne d’or » dont parle saint Syméon le nouveau théologien au début du XIe siècle. C’est la posture de l’iconographe et un ancrage qui me convient.
J’ai développé ce thème lors de deux années d’une émission hebdomadaire intitulée Carnets de peinture et diffusée de septembre 2017 à juin 2019 sur RCF Isère. Dans l’esprit du carnet de voyage, l’émission nous faisait entrer dans les coulisses d’un art aujourd’hui bien vivant, qu’on peut appeler l’« art sacré traditionnel » (peinture de l’icône, fresque, enluminure, calligraphie, mosaïque, taille de pierre, orfèvrerie, vitrail…). On peut retrouver certains podcasts ici
Quelques articles ont présenté l’émission au fil de ces années :
– La présentation de l’émission Carnets de peinture, qui aborde la notion d’héritage et les principaux ouvrages de référence.
– La fin de la première année avec des conseils de Cennini Cennini parfaits pour les vacances : Carnets de peinture et carnets de voyage
– La présentation de la deuxième année d’émissions
Des ouvrages de référence :
- Les origines païennes des icônes
- Le Traité des divers arts du Moine Théophile : un texte du XIIe siècle s’appuyant sur des écrits qui remontent au IXe siècle
- Les anciens « Carnets de peinture » russes ou podlinnik
- Le Guide de la peinture (Manuel d’iconographie chrétienne grecque et latine) : un ouvrage composite transcrit au XIXe siècle par l’archéologue Didron, œuvre de Denys de Fourna, peintre du XVIIIe siècle, lui-même largement inspiré du travail d’un maître du XIIe, Manuel Panselinos.
Pour mieux comprendre comment l’ouvrage a été constitué, on peut lire ces divers articles :
– Un échange avec Victor Hugo
– Le voyage de Didron l’archéologue et sa recherche commencent à Delphes…
– Le peintre de Salamine, Georges Marcos
– La rencontre avec Joasaph où quand Didron observe un peintre du Mont Athos
– La découverte du Guide de la peinture
– À la recherche d’une copie du Guide de la Peinture
– Denys de Fourna et Panselinos : pour comprendre la composition du Guide de la peinture
– La chaîne d’or
– De l’Athos à Chartres
- La référence majeure est certainement Le Livre de l’art de Cennino Cennini, un peintre italien de la fin du XIVe siècle.
- Un carnet de peinture roumain du XVIIIe siècle, celui du peintre Radu
- Je me réfère à La légende dorée, texte du XIIIe siècle, dans mes recherches sur la vie des saints (tout en étant consciente de l’éloignement évident avec le récit historique)
Des musées, des églises, ou encore d’autres lieux rencontrés au cours de voyages, qui m’ont spécialement marqués et que j’ai eu envie de vous présenter
- Le monastère de Cantauque (11)
- La Casamaures (38)
- La mosaïque de Germigny (45)
- L’église orthodoxe de la résurrection à Grenoble (38) et articles en lien sur Dmitri Stelletsky et Galina Makhroff
- L’église romane de Larrau (64)
- L’abbaye de Léoncel (26)
- L’église romane de Luzenac (09)
- L’église saint Pourçain de Marigny (03)
- La Chapelle Sainte-Anne du Pègue (26)
- La Chapelle de Pâquier à Saint-Martin-de-la-Cluze (38)
- L’abbaye Saint-Maurice de Carnoet (56)
- L’église Saint-Sauveur in Chora à Istanbul (Turquie)
- La Basilique Santi Maria e Donato à Murano (Italie)
- Sur l’île de Møn (Danemark)
- À la pinacothèque de Sienne (Italie)
- Le prieuré de Souvigny (03)
En ce qui me concerne, je ne peux pas parler de mon « héritage » en iconographie, sans remercier Ludmilla Titchenkova-Garrigou. J’ai découvert la peinture de l’icône un peu par hasard en 1989, en tant qu’élève, sans imaginer un instant quelle longue route s’ouvrait devant moi. Ludmilla, elle même avait été l’élève de Leonide Ouspensky qui a beaucoup oeuvré pour ouvrir la tradition iconographique russe à l’occident. De là, s’est mise en place toute une pédagogie que nous sommes quelques uns à transmettre à notre tour, en faisant de notre mieux.