Justine d’Antioche est associée à saint Cyprien et souvent représentée à ses côtés, en raison de leur histoire étroitement liée.
Ils sont aujourd’hui considérés comme relevant de la légende, et pourtant, leur histoire est attestée dès le IVe siècle. Le premier récit de leur conversion, appelé Confession de saint Cyprien, date des environs de 350. En 379, le jour de la fête de Cyprien et Justine, saint Grégoire de Nazianze prononça une homélie en leur honneur. Au siècle suivant, l’impératrice Eudoxie, épouse de Théodose II, leur consacra des poèmes en citant la Confession et en apportant des détails sur les circonstances de leur martyre.
Je ne m’inquiète pas de leur historicité : je suis toujours touchée par ces récits qui regroupent de nombreuses histoires réelles de l’époque. C’est une sorte de typologie et en cela, Justine représente la persévérance d’une jeune femme qui, tranquillement, fait passer son intuition et sa conviction en avant. N’oublions pas que ce prénom est dérivé du latin justus, signifiant « qui respecte le droit ».
Voilà donc cette histoire, telle que la raconte La Légende dorée, avec ses évidentes enjolivures.
Justine était la fille d’un prêtre païen d’Antioche. Tous les jours elle s’asseyait à sa fenêtre et écoutait le diacre Proclus proclamer l’Évangile. C’est ainsi qu’elle se convertit et sa mère en informa le père un soir au coucher. Pendant la nuit, le Christ leur apparut et leur dit : « Venez à moi, je vous donnerai le Royaume des cieux ! ». Très impressionnée, toute la famille se fit baptiser.
Cyprien était magicien et astrologue réputé, auteur d’un livre de sorcellerie. Lui et un certain Acladius, étaient amoureux de Justine. Cyprien essaya la magie pour la séduire et aussi pour la livrer à Acladius. Devant la difficulté de la tâche, Cyprien demanda l’assistance du diable. Justine, sentant le danger, se recommanda au Seigneur tout en puisant sa force dans le signe de croix. Ce signe épouvanta le diable qui s’enfuit et alla annoncer sa défaite à Cyprien. Celui-ci ne se découragea pas et tenta de nombreux stratagèmes, tous mis en échec par la foi de Justine (qui néanmoins connut des moments de doute, ce qui nous la rend proche !). Découragé, le diable fit tomber la fièvre sur Justine et répandit la peste dans la ville d’Antioche. Il fit déclarer par des possédés que toute la ville périrait si Justine ne consentait pas à prendre un époux. La foule, bien sûr, exerça toute la pression possible auprès de la famille de la jeune femme. Celle-ci résista pendant sept ans et pria, jusqu’à l’éradication de la peste. Le diable essaya même de prendre les traits de Justine pour la discréditer, tentant de séduire Cyprien. Finalement vaincu, le diable s’évanouit en fumée ! Cyprien, déçu et très triste fit une dernière tentative : apparaître à Justine sous forme d’un oiseau (Acladius fit de même). Mais à chaque fois qu’ils croisaient son regard, ils redevenaient humains, quelquefois en plein vol, au péril de leur vie !
Le diable avoua alors à Cyprien que le signe de croix et la foi de Justine lui ôtaient tout pouvoir. Cyprien, convaincu, alla alors voir l’évêque pour demander le baptême et depuis lors, sa vie fut guidée par une foi exemplaire, à tel point qu’à la mort de l’évêque, il fut lui-même ordonné. Il aida Justine à créer un monastère. On raconte que même Acladius se convertit…
Cyprien écrivait des lettres aux martyrs pour les encourager dans leur lutte jusqu’au moment où une vague de persécutions arriva. Refusant de renier leur foi, les deux amis furent martyrisés non sans que Cyprien réalise un dernier prodige !
Jacques de Voragine (l’auteur de La légende dorée) établit leur martyre au 6 octobre 280 mais on évoque plutôt l’an 304, parfois 314 (persécutions de Dèce ou de Dioclétien).
Fête le 26 septembre