
Sainte Véronique, icône sur tilleul, 18 x 24 cm, 2020
Sainte Véronique est une figure un peu à part : elle n’est pas une sainte « historique », elle ne figure pas dans les martyrologes, elle n’est pas non plus un personnage de légende et rien n’est dit à son propos dans les Évangiles : Véronique serait plutôt un personnage « type » lié à toute une série de traditions qui s’enchevêtrent, ce qui lui confère une portée symbolique très forte.
Le nom de Véronique est associé à Bérénice (« Βερενίκη » Berenikê) et signifie « qui porte la victoire ». Il a été latinisé en « Véronique ». L’étymologie populaire a ensuite associé le nom de Véronique à « vraie » (vera) et « image » (icona), ce qui est en fait une expression hybride, un peu grecque et un peu latine !
Une des versions les plus anciennes de sa vie apparaît dans une interpolation en latin ajoutée tardivement au texte de l’Évangile apocryphe de Nicodème (vers le Ve siècle).
L’histoire de Véronique est d’abord liée à la sixième station du chemin de Croix. Le Christ s’affaisse sous le poids de sa Croix ; une femme brave la foule hostile, s’approche et lui essuie le visage avec le voile qui couvrait sa tête. L’image du Christ reste imprimée sur le tissu et prend le nom de « Sainte Face » ou « suaire de Véronique » ou encore image acheiropoïete (« non faite de main d’homme »).
On raconte que Véronique aurait plié le linge en trois et trois empreintes identiques du visage du Christ seraient apparues. Ainsi s’ouvre la voie à de multiples traditions que je ne vais pas détailler : ce n’est pas un sujet de consensus et je ne le connais pas assez bien pour avoir une opinion.
On trouve un de ces récits dans La Légende dorée de Jacques de Voragine (chapitre 52, La Passion de notre Seigneur).
Après cet épisode, il est possible que Véronique ait épousé Zachée, le petit publicain de Jéricho (Lc 19). Ils partirent ensemble pour Rome où l’empereur Tibère désirait voir le visage du Christ. Ils lui présentèrent le linge puis se rendirent en France. Ils partirent chacun de leur côté annoncer l’Évangile et c’est ainsi qu’on trouve les reliques de Zachée à Rocamadour et celles de Véronique à Soulac (Gironde).
On rapproche aussi Véronique de la femme anonyme qui, dans les Évangiles, souffre d’hémorragies, avant d’être guérie miraculeusement en touchant le vêtement du Christ ; ou bien de Marthe de Béthanie, dont le deuxième nom pourrait être Bérénice.
L’iconographie représente Véronique tenant un tissu sur lequel s’est imprimé le visage du Christ.
Elle est la patronne des lingères, des laveuses et des photographes. Il est vrai que la posture de cette icône pourrait faire penser au moment où le photographe, au temps de la photo argentique, sortait le papier du révélateur, le tenant avec précaution, et attendait, comme un petit miracle, qu’apparaisse le visage sur le papier. Je vous dois une confidence : cette icône a été commandée par un photographe, cette analogie a déclenché chez lui la certitude que sainte Véronique était bien « sa » sainte !
Fête le 4 février
Article du 18 mai 2020