Elisabeth Lamour

Peintre d'icônes


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Saint Jean-Baptiste-enfant sauvé par un ange

Jean-Baptiste enfant, sauvé par un ange

Saint Jean-Baptiste enfant sauvé par un ange, icône sur bouleau 16,5 x 21,5 cm, 2018

J’ai remarqué cette scène au printemps dernier, à la Pinacothèque de Sienne (1) : de petites scènes retraçant la vie de saint Jean-Baptiste et datant de la fin du XIIIe siècle. Je venais de regarder un reportage sur SOS Méditerranée, et le parallèle avec cet enfant, mis à l’abri, protégé par l’ange, m’est tout de suite venu à l’esprit. 

 

On trouve dans les écritures, très peu de traces de l’enfance de saint Jean-Baptiste, à part quelques versets dans l’évangile de Luc.  Le proto-évangile de Jacques, en revanche, évoque le « massacre des Innocents » ordonné par Hérode et rapporte la fuite de sainte Élisabeth avec son enfant.

EglisevSaint Nicholas Nadeyin à Yaroroslav, 2° moitié XVIe siècle

On remarque sur la gauche la vignette sur laquelle saint Élisabeth se réfugie avec son enfant dans une grotte. Icône provenant de l’église Saint Nicolas Nadeyin à Yaroslav

Il raconte qu’ils se réfugièrent ensemble dans une grotte miraculeusement ouverte dans la montagne, alors qu’ils étaient sur le point d’être rattrapés par les soldats. J’avais peint une icône sur ce sujet il y a très longtemps en m’inspirant d’une vignette représentant, autour d’une grande icône de saint Jean-Baptiste, des scènes de sa vie : deux grandes icônes (sûrement beaucoup plus, mais je parle de celles que je connais) traitent le sujet : l’une 124 x 103 cm provient de l’église Saint Nicolas Nadeyin à Iaroslav et date de la deuxième moitié du XVIe siècle ; l’autre, conservée au Musée d’art de Yarolslav, mesure 142 x 96 cm et date du XVIe siècle.

Le texte raconte aussi la persécution et la mort de Zacharie, grand-prêtre du Temple, qui ne voulut pas révéler l’endroit où son fils se cachait.

« Élisabeth, qui avait appris que l’on cherchait Jean, l’emporta et gagna la montagne, et elle regardait à la ronde où le dissimuler mais elle n’apercevait point de cachette. Alors elle se mit à gémir, disant :  » Montagne de Dieu, accueille une mère et son enfant !  » Car la frayeur l’empêchait de monter. Aussitôt la montagne se fendit et la reçut en son sein, tout en laissant filtrer une clarté pour elle. Car un ange du Seigneur était avec eux et il les protégeait. » Proto-évangile de Jacques, XXII.3.

La tradition de l’icône, c’est le modèle qui sert de base, la technique et aussi la prière et la méditation qui l’accompagnent. Son actualité, c’est en partie ce qu’elle fait résonner en nous. Je cherche à rester fidèle aux modèles et n’invente rien, mais j’aime ce dialogue entre la tradition transmise à travers le temps et les représentations qui prennent place, comme tous les archétypes, dans nos vie et nous conduisent à lire certaines choses autrement.

(1) On peut voir le modèle d’origine dans l’article ici 

Article du 24 août 2018