Elisabeth Lamour

Peintre d'icônes


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L’église romane de Luzenac

Église romane de Luzenac

De toutes les églises croisées lors de notre périple pyrénéen, l’église romane Notre-Dame-de-Luzenac est une de celles qui nous a le plus marqués. Allez-savoir pourquoi ! D’un style composite datant en partie du premier âge roman, son charme nous a emportés. Pourtant, sa localisation n’est pas des plus séduisantes puisqu’elle est située juste au bord de la route, avec cependant un très ample parvis engazonné. De plus, lors de notre bref passage, elle était fermée, en restauration, et nous avons pu voir seulement l’extérieur, ou plutôt, nous nous sommes laissé porter un long moment par son atmosphère si particulière.

Située en Ariège, au bord du Lez, elle date du XIIe siècle. Il semble y avoir dans le secteur plusieurs églises de cette époque, marquées par le dépouillement de leur architecture romane, leur construction solide, digne d’une fortification : n’oublions pas que ces lieux de culte servaient autrefois d’abri à la population en cas d’attaque, surtout quand elles étaient rendues vulnérables par leur localisation en plaine.

Église romane de Luzenac, détail

Des agrandissements sont effectués au fur et à mesure que se développent et s’enrichissent les nombreuses confréries religieuses, établies dans la région dès la fin du Moyen Âge. Un premier agrandissement est réalisé au XVe siècle avec le déplacement du portail roman. Ensuite, au XVIIe, une nouvelle façade est créée avant un réaménagement intérieur et la construction de deux sacristies… Le style devient donc extrêmement composite avec une nouvelle façade de style baroque espagnol (boules en faîtage, fronton couronné de volutes…).

C’est peut-être l’originalité du clocher à douze facettes (dodécagonal) de style byzantin, avec des baies à double arcade géminées recouvert de lauzes, qui donne sa grande originalité et son caractère particulier à l’ensemble. Le portail aussi a une allure très naïve.

Sur la façade du XVIIe large, peu élevée, s’élèvent deux contreforts massifs et trois vitraux. Celui qui occupe la position centrale est placé dans un grand oculus sous lequel se trouve une niche, ayant dû contenir une statue de la Vierge.

Il paraît que l’intérieur est opulent et caractéristique de l’ornementation baroque avec abondance de stucs, de dorures, de plafonds peints… nous ne l’avons pas vu, mais cette église nous a touchés au cœur et il ne nous reste plus qu’à y retourner !

Église romane de Luzenac


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L’aventure minuscule

Les jours d’été filent. J’aime bien ce temps de pause et de maturation : prendre le temps de ne rien faire, redécouvrir le monde et passer du temps avec les uns et les autres. Comme toujours, je tente d’en garder le meilleur en souvenirs, photos et notes griffonées qui prennent le temps de se transformer en une réserve de force et de joie.

Pour moi, l’été a commencé par une journée très particulière de retrouvailles entre « âmes-soeurs ». Je vous parle aujourd’hui de Marilyne Thevenin, potière, avec qui j’avais réalisé une de mes premières expositions. Nos liens sont anciens et profonds, et j’en ai de nouveau compris quelques racines en lisant son merveilleux petit livre « Un bol. L’aventure Minuscule » (1). Je trouve dans sa façon de décrire son travail et sa recherche tant d’analogies avec mes réflexions sur mon travail d’iconographe que je ne résiste pas au plaisir de vous citer quelques extraits.

« Créer, c’est faire l’expérience dans sa chair, encore et encore, de l’incarnation » p. 27

Marilyne décrit son atelier : « Espace dédié aux livres et aux revues céramiques, essentiels pour nourrir l’œil et faire connaître les artistes-artisans de cet art appliqué, de ce savoir ancestral et renouvelé… comment les nommer ? Ces livres m’aident aussi à me rappeler que si je suis seule dans mon atelier, j’appartiens néanmoins à la grande famille des potiers de ce monde, d’hier et d’aujourd’hui. » p. 32

© Marilyne Thevenin

Mes élèves se reconnaîtront probablement dans ce passage : « Le doute, c’est un peu comme le vent, il y en a plusieurs sortes et d’intensité variable.
Le vent de l’est, du petit matin. Un peu timide et débutant, le doute de soi : « Vais-je y arriver ? »

Le vent du sud qui camoufle son orgueil :
« Non ce n’est pas assez bien ! ».

Le vent de l’ouest qui commence vraiment à douter :
« Attends ! J’ai passé tout ce temps pour faire ça ? »

Le vent du nord, la déferlante :
« Crois-tu vraiment qu’il n’y a pas plus utile, plus urgent à faire pour œuvrer dans ce monde ? » (…) Plus sournois « N’est-ce pas un refuge, cet atelier, pour ne pas affronter le réel, le vrai ? » coup fatal « Et que prétends-tu ajouter à la beauté inégalable de la nature ? »

Avec le temps, on finit par devenir fin météorologue. On sent venir le vent, sa direction, sa force. Parfois, on se croit obligé de riposter, de trouver des arguments. Aguerrie, j’en ai construit plusieurs. « Je suis moi aussi une part de la nature et la nature n’a d’autre moyen pour exister que de créer ». Je participe modestement à la beauté du monde. » « Le monde a surtout besoin de personnes en harmonie avec elles-mêmes et ce métier, me permet cela ».(…) 

Mieux vaut poursuivre la route et attendre que ça passe. Ou aller prendre l’air, le vrai.(…) Comme toute traversée d’une aventure, on en ressort grandi, un peu transformé. (…) J’ai physiquement la sensation d’une structuration intérieure qui s’opère (…) : quelque chose qui devient plus solide, qui aide à tenir debout. Et puis au fil du temps, on finit par comprendre que le chemin est plus essentiel que la destination, qui, de toute façon, s’éloigne toujours à mesure qu’on s’en approche. On finit par savoir apprécier les fleurs sur le bord de la route (…) » p. 42 et 43

« Marcher devient un but en soi, trouver le bon rythme, la bonne respiration. Se mettre au diapason avec soi-même dans la gestuelle du quotidien comme dans celle de l’atelier. Voilà le véritable enjeu. » p.45

Autel domestique, ©Marilyne Thevenin

Terminons avec ce passage qui ressemble à ce que j’écris si souvent en remplaçant simplement le mot « bol » par « icône » et le mot « chien » par « chat » !

« Minuscule participation au monde que de passer une grande partie de son temps à créer des bols (…) Et pourtant, je ne peux me résoudre à faire quelque chose de plus important, hormis peut-être m’occuper du potager (…), passer du temps avec mes proches, transmettre et partager cette rencontre de la matière et de sa propre créativité, prendre du temps pour contempler, explorer le monde de la nature et mon monde intérieur, prendre soin du quotidien, caresser mon chien, faire un bouquet de saison, allumer une bougie… » p. 49

(1) Vous pouvez mieux découvrir le travail de Marilyne sur le site www.terre-a-terre.org Le mieux est bien sûr de prendre RdVpour découvrir son lieu, la rencontrer ainsi que Vincent, son compagnon. Également sur Instagram @marilyne.thevenin. On peut aussi commander le livre d’où sont tirés ces extraits en s’adressant à marilynethevenin@gmail.com 

Article du 29 juillet 2021