À l’automne 2004, a eu lieu à la fondation Gianadda , à Martigy, une exposition intitulée Trésors du monastère Sainte-Catherine Mont Sinaï Égypte.
Là, je suis tombée en arrêt devant une petite icône, presque une miniature vu la richesse des modèles, datant de la fin du XIIIe siècle, peut-être début XIVe siècle. Elle mesure environ 31 cm sur 44 et juxtapose deux scènes : en haut, une Crucifixion et en bas, une Nativité. Les deux scènes sont unifiées par un fond bleu profond (j’ai utilisé un mélange de bleu outremer sombre et d’ombre bleue). Le marbre rose, dans la grotte, évoque la pierre d’onction sur laquelle le Christ fut déposé après la descente de croix. Le motif est donc un peu comme la suite de l’icône de la Crucifixion, la vie et la mort toujours liées, le cycle de la vie. Le lien est assez habituel, surtout dans les icônes éthiopiennes et certaines représentations occidentales.
Il est possible que cette icône, à la composition particulière, ait été offerte par des pèlerins venus de Cilicie arménienne. Dans cette région, les influences byzantines, musulmanes et chrétiennes se mélangent, ce qu’on retrouve dans la facture de cette icône. Je suppose que c’est justement cela qui m’a attirée. Je l’avais déjà réalisée en 2008, mais plus proche du modèle d’origine. Ici, les personnes qui l’ont commandée souhaitaient un petit format (19,5 x 24 cm). Aussi, je l’ai un peu simplifiée, car les visages sont minuscules (5 mm pour le visage de l’Enfant).
Bref, ce modèle est composite, habité d’influences nombreuses, tout autant latines (comme la posture des mages agenouillés) qu’orientales, sans oublier une influence arménienne et islamique (comme les motifs à trois points qui sont, dans le modèle d’origine, posés sur le vêtement du petit joueur de flûte assis en tailleur). Mais faute de place, je ne l’ai pas représenté ici. Aimant beaucoup ces motifs à trois points, je les ai utilisés pour la végétation.
Et voilà comment on peut s’appuyer sur un modèle qui nous inspire, respecter les éléments incontournables de la composition (la grotte, le coussin rouge de Marie, etc.) tout en les gardant bien vivants.
Article du 29 septembre 2017