J’ai longuement parlé du bleu, les années précédentes, vous livrant que cette couleur me semblait être celle de mon âme. Mais je n’avais jamais répondu à la question : « quelle est votre couleur préférée ? » Eh bien après plus de cinq années d’émissions, je peux le dire, il s’agit du vert malachite et mes élèves le savent bien !
La malachite est une pierre d’un beau vert lumineux, qui tire un peu vers le bleu et le gris. Chimiquement, il s’agit d’un carbonate de cuivre de la même famille que le bleu azurite. Les deux pierres se forment dans des gisements de cuivre et connaissent des destins parallèles. La malachite se présente sous forme de concrétions aux formes rondes avec une surface ponctuée de dessins d’une tonalité plus sombre.
L’origine du mot est discutée. Pour les uns, le terme signifierait « mou », car la pierre est tendre. Pour d’autres, l’étymologie se rapprocherait de la couleur de la feuille de mauve qui se dit malakhe, en grec.
Connue depuis l’Antiquité égyptienne, la pierre est alors issue de gisements situés dans le désert, à l’ouest du mont Sinaï. Elle est utilisée comme pigment dès le IIIe millénaire avant J.-C., à peu près à la même époque que l’azurite, celle qui voit également la naissance du bleu égyptien, le premier bleu artificiel de l’histoire. Le liant employé est celui que nous utilisons aujourd’hui dans nos icônes, à savoir le jaune d’œuf ou la gomme arabique. Le vert malachite reste lumineux dans la pénombre et convient aux décors des tombeaux. La pierre de malachite est aussi broyée pour ses vertus thérapeutiques et peut entrer dans la composition du maquillage, mélangée à des graisses animales : on raconte que Cléopâtre s’en servait comme fard à paupières.
En Chine, le vert malachite est utilisé dans la peinture des paysages depuis la haute Antiquité. Plus tard, elle sert à fabriquer des encres vertes ; elle est une des seules couleurs de la palette voisinant avec sa collègue de toujours : le bleu azurite ! Les paysages sont alors monochromes et les peintres chinois jouent sur la subtilité de la nuance plutôt que sur le contraste des couleurs.
Durant l’Antiquité, les Grecs utilisent le pigment malachite, alors que les Romains le délaissent au profit des terres vertes, moins coûteuses, mais moins lumineuses. En revanche, la malachite semble garder sa place dans le domaine médical, comme en témoigne un coffret d’opticien découvert dans des fouilles romaines à Lyon.
Cet article a été le support d’une émission hebdomadaire intitulée Tout en nuances et diffusée de septembre 2011 à juin 2017 sur RCF Isère : six années à effeuiller les subtilités des couleurs, leur histoire mouvante et leur symbolique sans oublier quelques incursions dans les choix des peintres et les mots des écrivains. On peut retrouver certains podcasts ici
Article du 31 octobre 2016