Elisabeth Lamour

Peintre d'icônes

L’ambivalence du bleu

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OLYMPUS DIGITAL CAMERALe bleu, répertorié parmi les couleurs froides, est une couleur ambivalente, comme toutes les autres. Kandinsky, évoquant le bleu, précise : « En glissant vers le noir, il se colore d’une tristesse qui dépasse l’humain »(1).

Les qualités du bleu se transforment facilement en pièges, sources d’angoisse et de tourment. Au bleu d’azur diurne succède le bleu de la nuit peuplé d’ombres et tirant vers le noir. À la rêverie bleu clair et la clarté des lacs succède la nuit bleu sombre. Sous l’apparente douceur, le trouble s’installe, une obscurité. L’opacité bleutée habite la nuit, pénétrante, envahissante.

Le dictionnaire des symboles souligne : « Le bleu est la plus profonde des couleurs : le regard s’y enfonce sans rencontrer d’obstacle et s’y perd à l’infini, comme devant une perpétuelle dérobade de la couleur. Le bleu est la plus immatérielle des couleurs : la nature ne le présente généralement que fait de transparence, c’est-à-dire de vide accumulé, vide de l’air, vide de l’eau, vide du cristal ou du diamant. Le vide est exact, pur et froid. » (2)

Le bleu, dans ses connotations négatives, s’associe à l’ignorance, l’ennui et la mélancolie, la transparence d’un vide à combler. Le chanteur québécois, Michel Rivard, assimile la nostalgie à une « maîtresse inassouvie aux yeux trop bleus ».

Les Égyptiens et beaucoup d’autres peuples ont relié le bleu à la mort. Chez nous, cette connotation s’immisce parfois, portée par l’idée du passage de l’autre côté du miroir, de la traversée, de la transformation et de la métamorphose.

Dans l’icône de La Transfiguration, le Christ est revêtu d’un vêtement blanc d’une lumière étincelante. Il contraste avec la mandorle, sorte de nuée lumineuse bleue, sombre en son centre. Le Christ, la lumière selon les paroles de saint Jean (Jn 1, 5), semble jaillir des ténèbres.

1. KANDINSKY Wassily, op. cit. p. 17.
2. CHEVALIER Jean et GHERRBRANT Alain, Dictionnaire des symboles – « Mythes, rêves, coutumes, gestes, formes, figures, couleurs, nombres », éd. Jupiter/Robert Laffont, Paris, 1969.

Cet article a été l’objet d’une émission sur RCF Isère le 26 décembre 2011 ; il constitue le chapitre 18 du livre, Bleu intensément .

Article du 18 juillet 2019

Auteur : elisabethlamour

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