Elisabeth Lamour

Peintre d'icônes


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Le prophète Isaïe et ses visions

Prophète Isaïe

Icône sur tilleul, 15 x 19,5cm, 2017

Isaïe (ou Esaïe) est un des quatre « grands prophètes » de l’Ancien Testament. Il aurait vécu à Jérusalem, au VIIIe s av. J.-C., dans une période de relative prospérité, mais sur laquelle planent de lourdes inquiétudes, telles que la montée en puissance de l’Assyrie. Bref, l’avenir est sombre et Isaïe le sait, car il a des visions prémonitoires.

Isaïe dénonce le relâchement des mœurs de ses contemporains, leur insouciance et leur goût du luxe ; on dirait aujourd’hui, leur « matérialisme ». Il répète inlassablement que la seule solution serait de se tourner de nouveau vers Dieu (Isaïe signifie à peu près « Dieu est mon salut »).

La tradition retient ses prophéties messianiques dont la préfiguration de l’Annonciation et la vision du Temple céleste, mais aussi son effroi quand ses yeux voient le Seigneur, lui qui se définit comme « un homme aux lèvres impures ». Dans les temps troublés qu’il traverse,  la terreur côtoie l’espérance.

Le roi Manassé fait persécuter plusieurs des contemporains d’Isaïe. Selon un récit apocryphe, il aurait lui aussi été torturé, mais son âme aurait été « ravie au ciel » juste avant, afin de lui éviter la souffrance.

On trouve trois livres très différents et il n’est pas sûr qu’ils aient été écrits par la même personne. Les prophéties d’Isaïe et ses visions trouvent leur écho dans la généalogie du Christ et dans l’Annonciation et sont le point de départ de nombreuses représentations :

– la prophétie d’Isaïe « Voici, la jeune fille est enceinte et va enfanter un fils qu’elle appelera Emmanuel » (Is 7, 14) se retrouve dans le livre que Marie tient lors de l’Annonciation.

– la prophétie « Un surgeon poussera de la racine de Jessé » (Is 11,1) ouvre à l’iconographie d’un arbre généalogique pour illustrer que Jésus descend de Jessé. Aussi Isaïe est-il parfois figuré avec une branche feuillue.

Christ en Gloire

Christ en Gloire, je dédie cet article à l’ami Yves Léonard.

– la vision du Temple céleste a servi de point de départ à la tradition iconographique du Christ en gloire (voir ici).

Isaïe est représenté comme un homme âgé à longue barbe tenant un phylactère avec inscriptions ou prophéties ou portant une scie ; ou alors scié en deux dans l’arbre creux où il s’était caché pour fuir les persécutions.

Il tient parfois des tenailles et un charbon ardent, allusion à une autre de ses visions (Is 6, 1-7) : un séraphin avait posé sur ses lèvres un charbon ardent avec cette tenaille.

Il est fête le 6 juillet (cath) ou le 9 mai (orth).

 

Article du 27 octobre 2017