Elisabeth Lamour

Peintre d'icônes

Peindre avec le bleu de Prusse

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Pigment bleu de Prusse avec tempera et alcool dans une coupelle réalisée par Isabelle Baeckeroot

Le bleu de Prusse attire les peintres par sa tonalité profonde, intense, presque envoûtante, tirant vers le noir comme un ciel avant l’orage. Il m’évoque de riches velours, des étoffes épaisses et de lourdes draperies. Grâce à son pouvoir colorant élevé, il permet aux peintres des variations de tons et des dégradés subtils. 

Néanmoins, il convient de l’utiliser avec prudence et parcimonie car ce pigment est instable. Jean-François Léonor Mérimée écrit que cette couleur serait l’une des plus précieuses, si elle avait de la solidité : « elle a beaucoup d’intensité, elle se peint facilement, elle sèche promptement : mais elle perd son éclat, devient verdâtre, et grise lorsqu’elle est exposée à une lumière vive. »(1) L’inconvénient principal du bleu de Prusse consiste en son caractère terriblement envahissant : j’en ai fait l’expérience et ne le recommande pas à mes élèves, surtout pas aux débutants ! 

Son utilisation demande une attention de chaque instant. Penser à ne jamais poser le bleu de Prusse à proximité d’une couleur trop claire, car insensiblement, le pigment se répand alentour et modifie la couleur voisine. Dans les mélanges de couleurs, il domine.

Un infime dépôt sur le pinceau ou sur la main et les traces sur un beau fond clair deviennent irréparables. Inadapté à la fresque, il se comporte correctement avec la peinture à l’huile. Dans les techniques à l’eau, comme la tempera ou l’aquarelle, il est difficile à disperser et nécessite beaucoup de liant ou l’ajout d’alcool, une grande patience et un soin méticuleux.

Le bleu lessive ou bleu de Bâle est un mélange obtenu à partir de bleu de Prusse utilisé en décoration et pour rehausser le blanc du linge. Le bleu de Prusse connaît aussi un usage inattendu : il pourrait s’avérer efficace en cas d’irradiations pour éliminer le césium 137 du corps humain. Une couleur décidément aux multiples facettes, qui n’a pas fini d’attirer et de surprendre ! 

1. De la peinture à l’huile ou des procédés matériels employés dans ce genre de peinture depuis Hubert et Jean Van-Eyck jusqu’à nos jours, Paris, 1830. 

Cet article est tiré d’une émission diffusée le 15 octobre 2012 sur RCF Isère dans le cadre de la série « Tout en nuances » qui a duré pendant 6 années. Elle est présentée ici. L’article a été mis à jour le 6 août 2019 et figure dans le livre Bleu, intensément, chapitre 49.

Article du 15 octobre 2012

Auteur : elisabethlamour

peintre d'icônes

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