Elisabeth Lamour

Peintre d'icônes

Le bleu phtalocyanine

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Dans le domaine de la peinture et des couleurs, le XXe siècle est le temps de la mise au point de couleurs synthétiques stables et bon marché, prisées par les peintres. Introduite en 1938 par une entreprise écossaise, la phtalocyanine, appelée à ses débuts bleu monestial, est un colorant synthétique employé à l’origine dans l’industrie pour la fabrication des encres. L’usage du pigment se répand largement en une large palette de subtiles nuances que l’on appelle maintenant dans les boutiques ou les catalogues, par souci de simplicité, bleu phtalo.

La phtalocyanine de cuivre donne des bleu moyens et neutres tel le bleu primaire ou cyan. Il possède des variantes à tendance rougeâtre ou verdâtre. Économique et fiable, ce pigment entre dans l’élaboration d’autres bleus. Ceux-là portent, selon les marques, des noms parfois fantaisistes, tout un poème en bleu : bleu d’Orient ou de France, bleu nuit, bleu persan, bleu lumière, bleu azural, bleu touareg, bleu primaire, indien, acier, bleu espace ou bleu Océan, bleu hortensia ou encore bleu Hoggar

La phtalocyanine sans métal donne un bleu turquoise, foncé et plutôt terne, proche du turquoise de cobalt ; d’autres encore constituent la base des tonalités vertes.

Tous ces pigments, à la fois transparents, riches et d’un bon pouvoir colorant, permettent de beaux glacis qui rappellent les couleurs des anciens pigments tout en résistant à la lumière et aux variations de température et d’humidité. Ils sont appréciés en mélanges mais insolubles dans l’huile. Lorsqu’on y introduit du blanc, ces bleus ont tendance à évoluer vers le vert. Comme pour tous les pigments phtalocyanines, ce pigment extrêmement léger et puissant doit être manipulé avec un soin particulier en raison de sa volatilité. 

Le XXe siècle révolutionne la peinture par la richesse des couleurs et la mise au point de leur conditionnement en tubes : c’est pour la plupart des peintres le temps des couleurs synthétiques… mais pour beaucoup, un abandon des pigments anciens, ceux justement que l’on aime tant.

Cet article est tiré d’une émission diffusée le 27 janvier 2014 sur RCF Isère dans le cadre de la série « Tout en nuances » qui a duré pendant 6 années. Elle est présentée ici. L’article figure dans le livre « Bleu, intensément », chapitre 99.

Article du 27 janvier 2014 mis à jour le 7 octobre 2020

Auteur : elisabethlamour

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